CLIMED – Les rencontres citoyennes pour le climat

Le projet CLIMED est un programme de co-échange entre les villes de Dunkerque, Annaba en Algérie et Bizerte en Tunisie, sur le rôle des territoires dans la lutte contre les impacts du changement climatique. Dans le cadre des rencontres citoyennes pour le climat, la conférence CLIMED du vendredi 23 septembre 2016 a mis l’accent sur le risque de submersion marine. Plusieurs acteurs de ce projet ont répondu présents : les chercheurs de l’Université du Littoral Côte d’Opale de Dunkerque, de l’Université d’Annaba en Algérie, ainsi que la Communauté Urbaine de Dunkerque et d’autres associations environnementales : le GON (Groupe Ornithologique et Naturaliste du Nord), le CERDD (Centre de Ressource du Développement Durable), l’ADELFA (Association de Défense de l’Environnement), ou encore l’association tunisienne de lutte contre la pollution des lagunes. Nous avons pu ainsi assister à quatre conférences très intéressantes dont voici les grandes lignes :

  • Les conséquences du changement sur le milieu marin.

Des études ont montré que l’année 2016 a été la plus chaude depuis 1850. Dans le cas du Nord/Pas-de-Calais, les scientifiques ont enregistré une élévation de 1,4°C entre 1953 et 2013.

merouDe nombreuses études ont montré que les organismes marins ectothermes sont de bons indicateurs du changement climatique des mers. Ces organismes régulent leur température corporelle en fonction de la température du milieu. Ils sont donc très sensibles aux variations de leur habitat. L’élévation de la température a un impact sur leur fonctionnement physiologique (taille, poids), métabolique et phénologique (rythme, date de migration, et/ou de reproduction).

Au large de la Manche/Mer du Nord, les scientifiques observent la présence de poissons subtropicaux (poisson lunes, mérous). Ils constatent par ailleurs la raréfaction de la morue (moins abondante, voir disparition dans certaines zones). Nous observons donc une évolution des ressources halieutiques, et une modification de la répartition géographique de certaines espèces. Le plancton est également touché, notamment les copépodes qui sont les premiers maillons de la chaîne trophique.

Conférence de Rachid Amara, Professeur de Sciences à l’Université du Littoral Côte d’Opale.

 

  • Le changement du trait de côte de la région dunkerquoise.

Le littoral dunkerquois est peu élevé, généralement constitué de dunes friables. C’est un milieu sensible à l’érosion, par la force du vent, et de la houle lors de tempêtes ou de marées à grands coefficients. Nous observons donc un recul du trait de côte qui est notamment problématique pour la ville de Zuydcoote. Le risque de submersion marine n’est pas uniforme le long du littoral, et ne touche pas seulement le littoral, il peut engendrer des inondations dans les polders et terres intérieures. Les dunes sont des remparts naturels face au risque de submersion.

audressellesCe phénomène de submersion est lié à des conditions climatiques précises :

  1. Un effet de sur-côte (élévation du niveau de la mer par rapport à la hauteur maximale prévue) + un coefficient de marée élevé en période de vives-eaux.
  2. Une augmentation des températures et précipitations. Dans le cas de Dunkerque, nous mesurons 1,8 mm de pluie en plus par an entre 1980 et 2010.
  3. Le transport de sédiments, qui remontent de la Somme par le biais des courants marins, mais qui sont bloqués par les constructions humaines (ports, digues).

L’ensemble de ces paramètres a un rôle sur le recul du trait de côte.

D’après Arnaud Hequette, Professeur en Géographie à l’Université du Littoral Côte d’Opale.

 

  • La perception du risque d’inondation par la population dunkerquoise.

Le territoire dunkerquois est une zone de polder, ce sont des terres gagnées sur la mer où le risque d’inondation est présent. En 1949 et 1953, Dunkerque a subit des inondations. L’étude de Nicolas Verlynde sur la perception du risque d’inondation de la population dunkerquoise démontre que les dunkerquois ne se sentent pas ou peu concernés par les risques d’inondations. Malgré la mise en place de plusieurs programmes de prévention du risque, la population se sent peu informée ou sensibilisée face à ce risque.

inondationD’après les premiers résultats de son étude, l’aspect inondation n’arrive qu’en 5ème position dans le classement des craintes de la population. Ces résultats indiquent également qu’une personne sur 5 ne se sent pas assez informée de ce risque et ne sait pas où trouver les informations pour se renseigner.

L’ensemble des résultats de cette étude pourra permettre d’envisager la mise en place de moyens plus précis et plus appropriés, afin d’informer et de sensibiliser la population dunkerquoise aux risques de submersion marine et d’inondation sur le territoire.

D’après Nicolas Verlynde, doctorant en Sciences Humaines et Sociales à l’Université du Littoral Côte d’Opale

 

  • Le cas de la ville d’Annaba en Algérie.

Le réchauffement climatique n’est pas seulement présent sur le littoral dunkerquois, mais nous retrouvons des impacts similaires en Algérie. Les chercheurs de l’Université d’Annaba ont observé des changements au niveau du comportement migratoire des oiseaux, notamment chez les cigognes.

Ils observent par ailleurs la disparition de certaines espèces comme les palourdes, ou le corail rouge qui est une espèce emblématique de la mer d’Algérie.

D’autres études scientifiques et économiques ont révélé une diminution voire une disparition de certaines espèces de poissons, comme la sardine ou le thon (changement migratoire), qui sont une source de revenus pour les populations de pêcheurs.

Dans les années à venir, l’Algérie devra apprendre à s’adapter aux risques du changement climatique. Une décision de l’Europe au niveau juridique et réglementaire, ainsi qu’une coopération dans le cadre du projet CLIMED pourra permettre à l’Algérie de s’adapter à ces changements.

 D’après B. Djebarle, Professeur à l’Université d’Annaba

 

Article rédigé par Aurore Himblot, étudiante en deuxième année de Master « Expertise et Traitement en Environnement ».